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Photo du rédacteurHenry de Lesquen

Le grand débat est un attrape-nigaud

Emmanuel Macron voudrait faire accroire aux Français que le “grand débat” qu’il a lancé pour conjurer la révolte des Gilets Jaunes est un superbe exercice démocratique. Il s’agit en réalité d’un attrape-nigaud. Rien de positif ne peut en sortir.

En démocratie, le débat politique est permanent, mais il prend véritablement sa force et sa forme au cours des campagnes électorales ou, mieux encore, des campagnes référendaires.


On en a eu une superbe illustration en 2005, lorsque le peuple a rejeté le projet de constitution européenne. La première et la plus importante des revendications portées par l’ensemble des Gilets jaunes, à l’exception de quelques félons, est donc justement l’institution du RIP, référendum d’initiative populaire (maladroitement qualifié de “référendum d’initiative citoyenne”, alors que “citoyen” n’est pas un adjectif, mais un nom). Il suffirait qu’un certain nombre de citoyens, ni trop grand ni trop petit, quelques centaines de milliers, au maximum 1% du corps électoral, ce qui serait déjà considérable, déposent une proposition de loi par voie de pétition. Le gouvernement serait alors tenu d’organiser un référendum en donnant part égale dans les media audiovisuels aux partisans du “oui” et à ceux du “non”. Le RIP pourrait porter en particulier sur l’abrogation d’une loi adoptée par le parlement, telle que la loi Taubira sur le mariage homosexuel.

Dès lors, il n’y aurait pas ce grand déballage, nécessairement hétéroclite, chaotique, stérile et verbeux, sujet à toutes les manipulations du pouvoir en place, que l’on cherche à nous vendre au nom de la démocratie, mais une série de vrais débats, constructifs, portant sur chaque proposition référendaire.

Or, Emmanuel Macron et Edouard Philippe, dans leurs fonctions respectives de chef de l’Etat et de chef de gouvernement, ont d’ores et déjà fermé la porte à toute ouverture sur ce point. Le prétendu “grand débat” était verrouillé avant même d’avoir commencé, et cela dans tous les domaines. Il y a un sujet obligatoire : “la transition écologique”, et tant pis pour les écolo-sceptiques et les climato-sceptiques, dont je m’honore de faire partie. Il y a un sujet oublié : la sécurité. Pas question, notamment, de demander le rétablissement de la peine de mort. Enfin, on nous invite à un débat biaisé et frelaté sur l’immigration : Macron nous dit, en premier lieu, qu’il n’est pas question de remettre en cause le droit d’asile, alors que c’est devenu indispensable ; et, en second lieu, qu’il s’agirait simplement de fixer la quantité d’immigrés supplémentaires que nous devrions accepter chaque année, alors que c’est la réémigration qui est le véritable enjeu pour la survie de la France.

Ainsi, quand Emmanuel Macron ne craint pas de déclarer haut et fort, dans sa “Lettre aux Français” : “Pour moi, il n’y a pas de questions interdites”, il nous ment effrontément. Nous commençons à en avoir l’habitude.

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