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Photo du rédacteurHenry de Lesquen

La situation politique de la France vue par ChatGPT

Nous avons demandé à ChatGPT de nous dresser le tableau de la situation politique de la France vue par un homme de droite. Ce n’était pas de la paresse de notre part, mais la volonté de savoir ce que pouvait produire la prétendue intelligence artificielle dans ce domaine. Son analyse, qui figure ci-dessous, paraît de bonne qualité, comme vous le verrez. Elle appelle cependant de sérieuses critiques, parce qu’elle est entachée de quelques lourdes erreurs et omissions, mais surtout parce qu’elle n’éclaire nullement le fond du sujet. Nous la ferons donc suivre de nos commentaires.

 

I - L’analyse de ChatGPT

 

Contexte actuel

 

La situation politique française est marquée par une montée en puissance des forces de droite et d’extrême droite, symbolisée par le triomphe du Rassemblement National (RN) aux élections européennes de 2024, où le parti de Jordan Bardella a dominé avec plus de 30 % des voix. Ce succès a consolidé une fracture entre le centre macroniste et une droite de plus en plus ancrée dans des positions nationalistes et conservatrices.

Ensuite, la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron a intensifié l’instabilité, provoquant des législatives anticipées. Les résultats des législatives montrent une Assemblée nationale très fragmentée. Le Nouveau Front Populaire (NFP) a gagné en force, mais la droite (RN et Les Républicains) a formé une opposition solide, bien que divisée.

L'arrivée de Michel Barnier comme Premier ministre, figure de consensus de la droite européenne, tente de stabiliser la situation. Cependant, cette nomination a laissé une partie de l’électorat de droite sur sa faim, notamment ceux qui soutiennent des mesures plus radicales proposées par des figures comme Laurent Wauquiez.

 

Analyse de la situation

 

D’un point de vue de droite, la situation politique actuelle peut être perçue comme une opportunité, mais aussi comme un défi. Voici les principaux aspects à considérer.

 

1. La montée du nationalisme et de l’euroscepticisme

le succès du RN et la progression d'un parti comme Reconquête montrent qu'une partie croissante de l'électorat souhaite une approche plus souverainiste. Les questions migratoires et sécuritaires sont au cœur des préoccupations de cet électorat. Cependant, Michel Barnier, avec ses antécédents européens, n'incarne pas cette rupture avec les institutions européennes, ce qui crée une dissonance entre la base électorale de droite et la stratégie gouvernementale actuelle.

 

2. Fragmentation de la droite

Si le RN capte une large part de l’électorat populaire, Les Républicains (LR), sous des figures comme Laurent Wauquiez, peinent à définir une ligne claire entre s’aligner sur des positions plus nationalistes ou maintenir une droite plus modérée. La nomination de Barnier, un « homme du consensus », pourrait temporairement calmer les tensions, mais elle ne satisfait pas l’aile dure de la droite, qui réclame des réformes plus rigoureuses et conservatrices.

 

3. La bataille budgétaire

La proposition de Laurent Wauquiez pour 50 milliards d’économies, plus ambitieuse que celle de Barnier (40 milliards), montre une volonté de s’imposer comme le véritable défenseur de la rigueur budgétaire à droite. Il propose de tracer une ligne claire entre le social et l’assistanat, message qui pourrait résonner auprès d’une partie de l’électorat de droite désireuse de voir une réduction de l'État-providence. Cependant, ces mesures doivent être calibrées pour éviter de fragiliser les classes populaires, qui pourraient basculer davantage vers le RN si elles se sentaient délaissées.

 

Stratégie politique à suivre

 

Pour maximiser l'influence et assurer une cohésion de la droite face à la montée des forces extrêmes et au gouvernement modéré de Barnier, voici la stratégie à suivre.

 

1 Unir la droite sur des sujets de consensus forts

 

- Immigration et sécurité : renforcer la ligne dure sur ces thèmes, où il existe un large consensus à droite. La droite doit continuer à proposer des solutions robustes pour répondre aux inquiétudes sécuritaires et migratoires de l’électorat.

- Identité et souveraineté : promouvoir une politique de défense des valeurs traditionnelles et nationales, tout en réformant les relations avec l'Europe pour garantir une plus grande autonomie française sur des sujets-clés comme l’immigration et la sécurité.

 

2. Trouver un équilibre entre rigueur budgétaire et protection des classes populaires

 

La droite doit éviter de tomber dans l'excès d'austérité qui pourrait éloigner une partie de l’électorat populaire. Une politique économique rigoureuse est nécessaire, mais elle doit être accompagnée de mesures qui protègent les travailleurs et les familles modestes. Il est essentiel de soutenir une réduction des dépenses publiques inefficaces, tout en préservant les services essentiels pour éviter une fracture sociale.

 

 

3. Renforcer la collaboration entre les différentes factions de la droite

 

 Le RN et LR doivent envisager une collaboration plus étroite. Un rapprochement stratégique sur certains dossiers-clés pourrait permettre d’éviter la dispersion des voix de droite et de former un bloc plus puissant contre le centre macroniste et la gauche.

- Barnier doit être soutenu tant qu’il permettra d'éviter le chaos législatif. Cependant, la droite ne doit pas abandonner ses revendications fondamentales et doit rester prête à peser pour faire valoir ses positions dans les débats budgétaires et sociaux.

4. Recentrer le discours sur l’avenir économique

 

En plus de la rigueur budgétaire, la droite doit proposer une vision ambitieuse pour l’avenir de l’économie française, fondée sur l’innovation, le soutien à l’industrie nationale, et la réduction des impôts pour encourager l'entrepreneuriat. Il est important de montrer que la droite peut offrir un projet à long terme qui n’est pas seulement réactionnaire, mais constructif.

 

5. Affronter le Nouveau Front Populaire avec des propositions différentes

 

Face à la montée de la gauche et du NFP, la droite doit éviter une opposition systématique et stérile. Il est impératif de proposer des contre-projets concrets, notamment en matière de protection sociale, d’éducation, et d’écologie, mais sous un angle conservateur, axé sur l’efficacité et le pragmatisme.

 

Conclusion

 

La droite française, dans son ensemble, a une opportunité unique de s'imposer comme une autre solution crédible à la fois au centre macroniste et à la gauche radicale. Cependant, elle doit veiller à ne pas se fracturer davantage entre modérés et radicaux. Une stratégie pragmatique, qui combine rigueur budgétaire, protection des intérêts nationaux, et soutien aux classes populaires, pourrait être la clé pour rassembler la droite et peser durablement dans les décisions politiques.

 

 

II - Nos commentaires

 

On cherche en vain dans ce discours convenu la moindre originalité, et cette remarque a au demeurant une portée générale, qui dépasse largement le petit exercice que nous avons demandé à ChatGPT : les algorithmes de la prétendue intelligence artificielle générative exploitent avec une admirable efficacité les données qui sont en ligne, mais ils sont incapables d’innover. Certains auteurs en ont même conclu que l’intelligence artificielle pourrait être un frein à l’innovation. La véritable intelligence, couplée à l’imagination, fait surgir du nouveau dans la pensée. L’intelligence artificielle en est incapable et, à trop se reposer sur elle, on risque d’aller contre le progrès.

Ici, on baigne dans les lieux communs de l’analyse politique, qui sont essentiellement contraires à la vérité. D’abord, le « centre macroniste » est en réalité une partie de la gauche. En effet, comme nous ne cessons de le répéter, parce que c’est essentiel, le clivage droite-gauche se forme dans un espace à deux dimensions, dans un plan et non sur une droite. En abscisses, c’est l’opposition du collectivisme au libéralisme. En ordonnées, celle du cosmopolitisme au nationalisme. Il y a donc deux gauches. La première, plus classique, issue du marxisme, est représentée par le Nouveau Front Populaire et particulièrement par la France Insoumise de l’ancien trotskyste Jean-Luc Mélenchon. La seconde, par les diverses formations du camp macroniste, Renaissance, Modem, Horizons, auxquelles on peut ajouter l’UDI et le Parti Radical Valoisien, mais aussi une bonne partie de la soi-disant droite républicaine, à savoir le parti LR canal historique de Laurent Wauquiez.

C’est schématique, bien sûr, car les idées issues des deux pôles antagonistes de la gauche, expression idéologique de l’utopie égalitaire et révolutionnaire, le collectivisme et le cosmopolitisme, peuvent s’hybrider en fonction des circonstances. Il y a du cosmopolitisme chez Mélenchon, apôtre de la « créolisation », du collectivisme chez Macron, qui a fait exploser les dépenses publiques, avec son mot d’ordre aberrant, « quoi qu’il en coûte » et qui a imposé aux Français sa tyrannie à prétexte sanitaire pendant l’épisode du covid, en 2020 et 2021.

On a d’ailleurs le sentiment que c’est exclusivement chez Laurent Wauquiez que ChatGPT est allé chercher ses informations. Wauquiez est-il vraiment de droite ? On peut en douter. Assurément, en revanche, le nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, est un homme de droite, au du moins du centre-droit, et il a le courage de ses convictions. ChatGPT l’ignore, comme s’il faisait de l’ombre à Wauquiez… et ne semble pas très bien avoir compris que ce dernier faisait bel et bien partie de la coalition des quatre groupes parlementaires qui soutenaient le gouvernement de Michel Barnier : EPR (non, ce n’est pas une centrale nucléaire, ce groupe intitulé « Ensemble pour la république » réunit les députés de Renaissance et ceux de l’UDI et du PRV), Modem, Horizons et donc aussi, la « Droite républicaine » de Wauquiez, c’est-à-dire les députés du LR canal historique, qui ont refusé l’alliance avec le RN proposée par Éric Ciotti.

Celui-ci n’est pas plus mentionné que Retailleau. Pourtant, le 11 juin 2024, deux jours après les élections européennes et la dissolution de l’assemblée nationale, Éric Ciotti a accompli un acte décisif en réalisant l’union de la droite tant attendue grâce à son alliance avec le RN. Bien que le résultat n’ait pas été à la hauteur de ses espérances, qui étaient aussi les nôtres, il n’empêche que rien ne sera plus comme avant. Le nouveau parti créé par Ciotti, qui a laissé LR et ses dettes aux tenants du canal historique pour créer un parti qui reprend le sigle de l’ancienne UDR, Union pour la défense de la république, mais qui s’appelle pour sa part « Union des droites pour la république », est clairement national-libéral.

Ce n’est plus tout à fait le seul depuis que Marion Maréchal a créé « Identité et Liberté » après sa rupture avec Zemmour. On s’amusera au passage que ChatGPT parle de « la progression d’un parti comme Reconquête » (sic), alors que celui-ci, qui n’a eu que 0,7% des voix aux législatives, est mort cliniquement…

On peut espérer que l’UDR et accessoirement Identité et Liberté entraîneront le RN vers la droite où il est, à vrai dire, difficile de le mettre actuellement. Outre que les positions du RN sur l’immigration sont plutôt timorées que modérées, comment classer à droite une formation politique qui refuse le report de l’âge de la retraite ? Et quand ChatGPT nous explique que « l’aile dure de la droite réclame des réformes plus rigoureuses et conservatrices », on aimerait le croire, mais il ne s’agit apparemment pas du RN, qui, en fait de mesures conservatrices, a approuvé l’inscription dans la constitution du droit à l’avortement, c’est-à-dire du droit pour une femme de tuer l’enfant qu’elle porte en elle. Certes, tous les députés du RN n’ont pas voté pour cela, mais ce fut le cas de la majorité d’entre eux et celui de leur chef de file, Marine Le Pen.

ChatGPT ne s’est pas aperçu de la clarification qu’a enfin apportée, dans la vie politique française, la formation du gouvernement de Michel Barnier. Les LR étaient entre deux chaises depuis 2007, ils ne voulaient s’allier ni avec Renaissance d’Emmanuel Macron, ex-En Marche, ni avec le RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Aujourd’hui, le parti LR a éclaté, grâce à Éric Ciotti ; une partie, sous l’étiquette UDR, est alliée au RN, l’autre, qui a conservé l’ancien nom, est alliée à Renaissance.

Reste que l’attelage mené par Barnier est précaire et risque à tout moment de sombrer. Entre le socialiste Didier Migaud, ministre de la justice, seul élément que Barnier ait réussi à détacher du PS, et Bruno Retailleau, ministre de l’intérieur, c’est un euphémisme de dire que le courant ne passe pas. Peut-on instiller de la vraie droite avec Retailleau dans un composé essentiellement cosmopolite ? Les ministres et les députés de la coalition gouvernementale ont beau tenir à leurs places et scruter les réactions de l’opinion qui les entraînent vers la droite, ils ont des convictions qui vont souvent en sens contraire, et, pour la majorité d’entre eux, elles sont celles de la gauche cosmopolite. On peut donc se demander si Barnier va tenir jusqu’en 2027 sans que le composé explose. Ce n’est pas évident.

De surcroît, l’avenir de son gouvernement, qui s’appuie sur un bloc archi-minoritaire, est suspendu au bon vouloir du RN. Si celui-ci décide de voter une motion de censure déposée par le NFP, c’en sera fini de Barnier. Celui-ci peut cependant rester relativement confiant à cet égard parce que le RN est attaché obstinément à sa stratégie diagonale de dédiabolisation, malgré le démenti cruel apporté à celle-ci au second tour des législatives, le 7 juillet 2024, après la constitution du front pseudo-républicain, qui sera certainement réactivé en 2027 si, comme il est probable, Marine Le Pen accède au second tour de la présidentielle.

Quand on est dans l’opposition, on s’oppose ! C’est aussi simple que cela. Nicolas Dupont-Aignan a eu raison de dire qu’il fallait censurer le gouvernement Barnier. Pour autant, il a eu tort de dire qu’il fallait voter une motion de censure déposée par le NFP. Marine Le Pen devrait déposer sa propre motion de censure, sachant pertinemment qu’elle ne serait pas adoptée, puisque le NFP se refuserait à la voter, et affirmer symétriquement qu’elle refusera catégoriquement de voter celle du NFP, en proclamant qu’elle ne veut pas frayer avec l’extrême gauche. Position quelque peu hypocrite, sans doute, mais rappelons que, comme le disait Mitterrand après le cardinal de Retz, « en politique, on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens ». La candidate du RN à la prochaine élection présidentielle, Marine Le Pen, serait en bien meilleure situation pour gagner.

 

Henry de Lesquen

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