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Pierre de Tiremont

L'écart de QI entre les noirs et les blancs peut-il être dû à l'environnement ?

Dernière mise à jour : il y a 5 heures

Cet article de Noah Carl a été publié en anglais le 29 novembre 2024 dans le magazine en ligne Aporia sous le titre “Which environmental factors explain the black–white IQ gap?”. Il a été traduit par Pierre de Tiremont.

 

Il paraît bien souvent des articles universitaires dans lesquels l’hypothèse héréditaire[1] est réduite au racisme. L’exemple le plus récent est un article de Kevin Lala coécrit avec Marc Feldman, tout juste publié dans le prestigieux journal Actes de l’Académie nationale des sciences.

En effet, Lala et Feldman font référence à des “propos racistes quant aux différences génétiques entre les races sociales”. De tels propos, disent-ils, “permettent de perpétuer les idées racistes”.[2] Ils notent que la théorie de Gregory Cochran et Henry Harpending sur l’intelligence des Juifs achkénazes a des “relents racistes” et l’article lui-même s’intitule “Gènes, culture et racisme scientifique”.

Selon Lala et Feldman, “il n’y a pas de preuves qui soutiennent les déclarations de Shockley, Jensen, Herrstein, Murray et des autres héréditariens selon lesquels il y a, pour l’intelligence, d’importantes différences génétiques entre les races”. Non seulement l’héréditarisme serait “raciste”, mais il n’y aurait même pas, d’après eux, de données scientifiques allant dans son sens rien du tout.

À lire la façon dont Lala et Feldman balaient l’héréditarisme d’un revers de main, on pourrait croire qu’ils ont une théorie concurrente très convaincante ; ils doivent posséder un jeu de données remarquable qui montre quel facteur environnemental bien spécifique explique l’écart de QI entre les races, n’est-ce pas ? Pourtant, non, et c’est bien le problème[3].

Comme il était prévisible, les auteurs voient dans le racisme la première cause de cet écart de QI. “Bien qu’il existe des différences phénotypiques entre les races socialement définies, disent-ils, elles sont issues des expériences de la vie, ce qui implique du racisme et des discriminations”. Mais ils poursuivent avec une théorie bien plus élaborée selon laquelle des “niches inéquitables” persistent grâce à “l’héritage de normes et d’institutions, de richesses et de pouvoir, de valeurs et de traditions et d’environnements aux infrastructures et opportunités différentes.”

Aussi, les écarts entre les races seraient dus au racisme… mais aussi aux normes, aux institutions, à la richesse, au pouvoir, aux valeurs, aux traditions et à des environnement qui varient dans leurs infrastructures et leurs opportunités. Il semblerait qu’il s’agisse d’une autre manière de dire que les écarts entre les races sont causés par l’environnement et qu’il serait bien raciste de suggérer autre chose, mais que nous ne savons pas vraiment de quoi il en retourne précisément, donc nous listons tout un peu hasardeusement.

Si l’on montrait que l’écart de QI entre les races disparaît après telle ou telle intervention, ou qu’il n’existe pas dans une configuration déterminée par tel ou tel facteur, là, il y aurait une preuve irréfutable de l’environnement comme force causale[4]. Mais Lala et Feldan ne montrent rien de tout cela. En fait, le seul article qu’ils citent en soutien à leur théorie est intitulé : “Racisme enraciné : la construction de niche inéquitable comme processus évolutionnaire négligé qui affecte la santé”. Il ne mentionne pas le QI et ne présente pas de nouvelles données ou analyses.[5]

L’argumentaire de Lala et Feldman est typique des environnementalistes. Ils soutiennent avec une assurance remarquable la fausseté de l’héréditarisme, au point de prétendre qu'il serait tellement absurde que seul le racisme des chercheurs pourrait les pousser à le défendre, mais ils sont incapables de présenter le moindre facteur environnemental qui, lui, expliquerait vraiment les différences raciales dans le QI.

À propos de l’écart de QI entre les noirs et les blancs aux États-Unis, nous savons que des variables comme le revenu, la richesse ou le statut social et économique ne peuvent en expliquer qu’une toute petite partie. Il y a plusieurs jeux de données, comme le NLSY (voir p. 288) ou le Projet Talent, où l’écart de QI au statut social et économique des parents du premier décile est aussi grand que dans la population entière. Cela signifie que, lorsque des noirs et des blancs américains sont élevés dans des familles aisées, dans des quartiers riches dotés de bonnes écoles, les blancs réussissent mieux les épreuves de QI que les noirs, toujours avec à peu près un un écart-type d’avance. Dans une étude récente, Meng Hu a noté que les étudiants mongoloïdes d’Extrême-Orient dont les parents n’avaient pas terminé le lycée avaient de meilleurs résultats sur le SAT/ACT[6] que les étudiants noirs dont les parents sont diplômés d’une maîtrise.[7]

Le racisme n’apparaît pas non plus comme une explication très prometteuse. Une première ombre au tableau est apportée par certaines minorités, notamment les jaunes d’Extrême-Orient et les Juifs achkénazes, qui ont de meilleurs résultats aux épreuves de QI que la majorité blanche[8]. Pourquoi le racisme pousserait-il les résultats des noirs en dessous de celui des blancs, mais pas ceux des autres minorités ?

Les groupes noir et juif ont tous deux été victimes de racisme, lors de l'époque esclavagiste pour le premier et des persécutions national-socialistes pour les seconds. Et en effet, nous pourrions admettre que les noirs et les Juifs ont historiquement fait face à plus de racisme que les autres groupes. Cependant, les Juifs achkénazes ont un QI moyen de 110, tandis que les noirs ont un QI moyen de 85. Même les études cognitives faites sur les rescapés de la Choah montrent qu’ils n’ont pas de résultats inférieurs aux Juifs qui ne furent pas concernés par la Choah. Si le racisme anti-noirs était si important pour expliquer les aptitudes cognitives des noirs, pourquoi la Choah n’aurait-elle pas eu d’effet similaire sur les Juifs ?[9]

Par ailleurs, “le racisme n’est pas une force magique qui opère sans chaîne causale”, comme James Flynn le notait. Et pourtant, quand nous examinons les variables à travers lesquelles il pourrait opérer, rien ne laisse penser que les noirs sont sévèrement touchés. Par exemple, les noirs ont une estime d’eux-mêmes supérieure à celle des blancs, une anxiété moindre et moins de cas de dépression.

Dans une étude publiée l’année dernière, Emil Kirkegaard a publié des éléments qui discréditent radicalement l’hypothèse du racisme. En analysant plus de 1400 comtés américains, il a trouvé que l’écart de QI entre les noirs et les blancs était plus petit là où il y avait plus de blancs et plus de républicains – l’opposé exact de ce que l’hypothèse du racisme prédirait.

Le statut social et économique et le racisme ne pouvant expliquer, au mieux, qu’une toute petite partie de l’écart, l’autre hypothèse restante étant la culture, précisément une culture noire qui entraverait le développement cognitif. C’est le chemin que Flynn, le plus sérieux des chercheurs partisan de la thèse environnementaliste, prit à la fin de sa carrière. L’ironie du sort est que cette prise de position lui causa des ennuis, parce qu’une explication culturelle revient à “accuser la victime” – bien des gens se préoccupent moins du sort des noirs que de se sentir vertueux.

Un problème avec l’hypothèse de la culture est qu’elle est plutôt vague. Quels sont les aspects de la culture qui comptent et comment les mesure-t-on ? La version la plus populaire de l’hypothèse culturelle a été donnée par l’illustre économiste Thomas Sowell. Cependant, Nathan Cofnas a récemment publié une réponse complète à sa thèse et qui ne laisse pas grand-chose à sauver. Une explication plus convaincante de l'hypothèse culturelle reste peut-être à découvrir, mais pour le moment, elle paraît bien improbable.

Quant à Lala et Feldman, les affirmations sont non seulement purement spéculatives et sans fondement, mais aussi en contradiction avec beaucoup de données existantes. De plus, leurs affirmations les plus vagues ne peuvent pas faire l’objet d’évaluations et de mesures. Comment voulez-vous infirmer ou affirmer l’idée selon laquelle les écarts aux analyses de QI sont dus à des “environnements hérités qui varient dans leurs infrastructures et les opportunités qu’elles offrent” ?

Les environnementalistes ne renoncent à rien quand il s’agit d’attaquer l’héréditarisme et de remettre en question la moralité de ses défenseurs. Ils sont bien moins diligents quand il s’agit de donner les preuves de leur environnementalisme.


[1] L’hypothèse selon laquelle l’écart de QI entre les races est génétique. (NdT)

[2] Ces attaques sont typiquement lyssenkistes. En effet, Lyssenko, biologiste favori de Staline et Khrouchtchev, dénonçait déjà la génétique comme une science raciste et nazie.

[3] En 1974, le philosophe Peter Urbach écrivait : “Les théories environnementalistes qui expliquent les différences de QI moyen entre les groupes ont systématiquement été dépassées par les faits. Et les hypothèses qui se sont ajoutées pour sauver ces théories aux prédictions ratées sont toutes ad hoc”.

[4] Concrètement, une amélioration des conditions de vie des populations noires, qui passerait, par exemple, par de meilleures écoles.

[5] Les auteurs citent ailleurs quelques autres travaux dans leur article.

[6] Le SAT et l’ACT sont l’équivalent américain du baccalauréat. Ils déterminent en grande partie l’accès aux études supérieures. (NdT)

[7] L’empoisonnement au plomb ne peut pas expliquer plus qu’une toute petite partie de l’écart de QI entre les noirs et les blancs, simplement parce que les différences raciales dans l’exposition au plomb sont minimes.

[8] Les partisans de la thèse selon laquelle les Juifs achkénazes auraient un QI supérieur n'ont pas beaucoup de littérature psychométrique à se mettre sous la dent. Ils citent principalement une étude de 1972, qui est la seule à avoir une cohorte décente (1236 Juifs achkénazes et 1051 caucasoïdes occidentaux). Les résultats montrent un avantage mathématique et de “connaissance verbale” chez les Juifs, mais une infériorité notable dans les domaines visuo-spatial et de mémoire de travail, ainsi qu'une légère infériorité en anglais, c'est-à-dire en “grammaire et usage de la langue”. Au total, cela donne un résultat de 51.88 pour les Juifs et de 51.22 pour les non-Juifs. Notons que cette étude est citée, notamment par Richard Lynn, pour affirmer que les Juifs achkénazes sont plus intelligents, ce qui est malhonnête et implique de ne retenir que les sous-épreuves qui vont dans ce sens. Notons aussi que les sous-épreuves où les non-Juifs sont meilleurs ne sont pas moins corrélées à l'intelligence générale. De manière générale, les psychométriciens qui conduisent ce genre d’études ont la fâcheuse manie d’oublier les Séfarades. De plus, en dehors d’Israël, il n’y a pas de définition précise du Juif et de l’Achkénaze. Enfin, en Israël, les Juifs achkénazes ont un QI de 103. (NdT)

[9] L’on pourrait faire le même argument avec les camps de concentration américains où se trouvaient les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale.

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Guest
il y a 2 jours

Vivre l'hereditarianisme

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