Lundi 19 juin 2023 se tenaient au ministère des finances les Assises des finances publiques, présidées par Bruno Le Maire. Sur le ton catastrophiste auquel le gouvernement, adepte de la sidération des foules, nous a habitués depuis l’instauration de la tyrannie à prétexte sanitaire (TPS) en 2020, le ministre de l’économie a introduit l’événement en décrivant ladite TPS et les années 2020 à 2022 comme « la plus grosse crise économique depuis 1929 » et en qualifiant la hausse des prix de l’électricité et du gaz commencée à la fin de l’année 2021 de « pire crise énergétique depuis le choc pétrolier de 1973 ». Comme si les 600 milliards d’euros de dette émis en 2020 n’étaient pas dus à une gestion délirante de la pandémie de COVID-19 par l’exécutif ; comme si l’augmentation de 45% du prix du mégawatt-heure d’électricité survenue en 2022 n’était pas due à une gestion calamiteuse de notre parc nucléaire[1].
Quoi qu’il en soit, désormais, « nous revenons à la normale, alors, il faut cesser de dépenser autant ». On est ravi de l’apprendre, quoique cette prise de conscience soit tardive… Faut-il rappeler que, bien qu’ayant baissée en pourcentage du PIB grâce à la reprise de la croissance depuis 2021 (si l’on augmente le dénominateur d’une fraction, le rapport baisse mécaniquement), la dette publique de la France représente aujourd’hui 3.000 milliards d’euros, contre 2.218 milliards d’euros au début du premier mandat d’Emmanuel Macron en 2017, soit une augmentation de près de 800 milliards d’euros en six ans.
La mesure phare de Bruno Le Maire pour redresser les finances publiques, à savoir l’instauration de « revues annuelles des dépenses publiques » qui viseront à évaluer l’efficacité de l’utilisation des deniers publics au regard des politiques auxquelles ils sont alloués et permettront ainsi de supprimer les moins efficaces d’entre elles, ou de réviser leur niveau, est largement insuffisante. Le suivi de l’efficacité des dépenses publiques est une bonne chose, que nous aurions dû mettre en place de manière sérieuse depuis bien longtemps. Toutefois, nombre de politiques publiques ont des effets diffus sur plusieurs aspects de l’activité humaine. Il est donc difficile, et bien souvent impossible, de définir des variables quantitatives qui permettraient d’évaluer l’effet d’une augmentation ou d’une diminution des ressources publiques allouées à telle politique. Grâce à ces « revues de dépenses publiques », le ministre annonce qu’il a déjà identifié 10 milliards d’euros d’économies à réaliser entre 2024 et 2027. En quatre ans donc, alors que les dépenses publiques et le déficit public s’élèvent respectivement à 444 milliards d’euros et 155 milliards d’euros en loi de finances initiale pour 2023.
Quand les dépenses publiques représentent 58% de la richesse produite[2], comme c’était le cas en France en 2022, il ne faut pas se contenter de supprimer des dépenses publiques qui n’atteignent pas leurs objectifs, il faut repenser entièrement le périmètre d’action de l’État.
Avec les multiples références aux « transitions énergétique et numérique » et au rapport Pisani-Ferry, qui recommande d’investir chaque année soixante-six milliards d’euros pour la « transition écologique », on comprend finalement que ces « revues de dépenses » ne sont qu’un prétexte pour redéployer les dépenses dites « brunes » (comprendre prétendument nocives pour l’environnement) vers des dépenses dites « vertes » (comprendre prétendument vertueuses pour l’environnement) et tenter de regagner un peu de crédibilité chez ce qu’il reste de libéraux en France (presque rien) après six années de gestion catastrophique des finances publiques.
En conclusion, les pompiers pyromanes du gouvernement, ceux qui ont fait exploser la dette publique depuis leur arrivée au pouvoir en 2017, n’ont aucune velléité de rationaliser les dépenses publiques et d’assainir les comptes publics. Leur seul objectif est de convaincre que la France est solvable afin de continuer à pouvoir lever des capitaux sur les marchés financiers et ainsi financer leur obsessionnelle transition énergétique. La diminution des niveaux de dette publique et de déficit public (en pourcentage du PIB) d’ici à 2027 annoncée par Bruno Le Maire et prévue dans le programme de stabilité pour les années 2023 à 2027 repose uniquement sur une augmentation des dépenses plus lente que celle de l’activité économique et du PIB…
Hippolyte Lavallée
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